Demain, tous flexitariens ?
Veganisme, flexitarisme, produits sans gluten, sans lactose… Aujourd’hui, un nouveau vocabulaire « alimentaire » a pris d’assaut les rayons. Force est de constater que les comportements alimentaires des Français et leurs modes de vie ont fortement évolué ces dernières années. Mais si la croissance économique de ces marchés est bien réelle, quelles sont les motivations profondes de nos concitoyens et comment les analyser ? Nous avons réalisé avec OpinionWay une étude pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui et ainsi mieux anticiper ce qui sera demain dans notre assiette !
Parmi les enseignements de l’étude
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La consommation de produits alimentaires responsables continue à croître fortement au sein de la population française, même si le coût de ces produits reste dissuasif.
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Les régimes spéciaux, notamment le flexitarisme alimentaire se développent.
Les moins de 35 ans sont les plus concernés : 27% des 18-24 ans et 23% des 25-34 ans déclarent avoir adopté un régime spécifique. Les préoccupations de santé sont le principal moteur de ce changement de consommation alimentaire.
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Plus d’un tiers des Français se tourne vers des magasins spécialisés, 22% déclarant avoir des difficultés à trouver des produits correspondant à leurs nouvelles pratiques alimentaires.
Consommer mieux oui, mais à quel prix ?
Le boom d’une alimentation « responsable »…
Les Français se tournent de plus en plus vers des alternatives alimentaires aux produits issus de la production conventionnelle : 85% d’entre eux disent consommer des produits de saison, 63% des produits issus de l’agriculture biologique et 54% s’orientent vers des produits issus du commerce équitable. Dans ce contexte, les produits issus de l’agriculture biologique, font figure d’alternative particulièrement crédible. Ils sont perçus comme étant de meilleure qualité (76%) et avec des effets positifs sur la santé (72%).
En réponse aux scandales alimentaires récurrents et à une prise de conscience plus affirmée des enjeux environnementaux, ils jugent également que consommer des produits biologiques permet d’être plus sûr de la traçabilité des produits (67%) et de se prémunir face aux scandales alimentaires récurrents (63%).
…freinée par le prix des produits bio ?
Toutefois, si la consommation de produits alimentaires plus responsables s’est généralisée, il ne s’agit pas pour autant d’une consommation exclusive. Moins de 5% des Français consomment uniquement des produits issus de l’agriculture biologique ou du commerce équitable (4% très exactement). En d’autres termes, les Français panachent leur panier de courses, mixant produits bio, locaux et équitables et ceux issus des méthodes de production conventionnelle.
L’une des principales raisons : le prix. Les personnes aux revenus les plus élevés consomment davantage de produits biologiques, de saison et issus du commerce équitable. Intégrer les produits biologiques à son alimentation et à son mode de vie a un coût que les Français ne sont pas toujours prêts à payer ou en tout cas pas pour tous les produits.
Mais la prise de conscience est réelle : ils sont donc logiquement prêts à faire des efforts financiers et pourraient payer plus cher les fruits et les légumes (55%), la viande (39%), les œufs (37%), le poisson (32%) ou encore les produits laitiers (31%).
Daniel Tirat, notre directeur général analyse : « Nos concitoyens cherchent à consommer de manière plus responsable. Toutefois, le passage à l’acte est encore partiel, fortement conditionné par le prix. C’est la difficulté de l’enjeu, certes le coût est un frein mais si l’on veut faire des produits de qualité, on doit rémunérer l’ensemble des acteurs de manière satisfaisante, sans répéter les travers de l’agriculture conventionnelle ».
Nouvelles tendances alimentaires : où en sont les Français ?
À quelle sauce mangera-t-on demain ?
Selon notre étude réalisée avec OpinionWay, quasiment 1 Français sur 10 (9%) évite complètement certains aliments comme le gluten, le lactose ou encore les allergènes. Ainsi, 9% des Français ne consomment que certaines catégories d’aliments et 17% des Français ont adopté un régime alimentaire particulier. Parmi ces derniers, 11% se considèrent comme flexitariens (c’est-à-dire réduisent leur consommation de protéines animales), 2% déclarent être pesco-végétariens, 1% sont végétariens, 1% sont végétaliens et 2% sont vegan (donc refusent l’exploitation animale sous toutes ses formes).
Par ailleurs, la part des Français consommant des produits « sans » de manière occasionnelle seulement, sans être donc dans une logique de tendance alimentaire, augmente de manière significative. Ainsi, dans ce cas de figure moins restrictif, ce sont 17% des Français qui consomment des produits sans lactose et 14% sans gluten.
L’étude révèle néanmoins que 3/4 des Français ne suivent aucune tendance alimentaire (75%). Alors, effet de mode ou vraie tendance de société ?
Pour Daniel Tirat : « l’étude confirme l’émergence d’un nouveau type de consommateur : le flexitarien. Il ne bannit pas la viande mais en réduit fortement la part. La proportion de flexitariens est certes minoritaire (11%) mais non négligeable, car en croissance continue. On le voit d’ailleurs bien avec la forte croissance du marché du végétal : +58% en 2016 ainsi que de celui de la bio, qui sera amené à doubler dans les 5 ans à venir. Il faut aussi mettre cette tendance en perspective avec des évolutions antérieures, chez nos voisins anglo-saxons par exemple, qui ont, bien avant nous, limité leurs apports en protéines d’origine animale. La marge de développement sur l’ensemble de ces segments est donc encore très importante en France. »
La santé, raison numéro un pour adopter une de ces tendances
Ils ont adopté une « tendance alimentaire » : qui sont-ils ?
Plus sensibles aux questions de bien-être et de santé, près du quart des femmes (24%) déclare avoir adopté un régime alimentaire spécifique, contre seulement 9% des hommes. Elles se déclarent en majorité flexitariennes (16%, contre 6% des hommes) et 3% d’entre elles affirment avoir adopté le véganisme. Ces nouvelles pratiques alimentaires concernent également surtout les personnes les plus jeunes (27% des personnes âgées de 18 à 24 ans contre 10% des personnes âgées de 65 ans et plus) ou encore les cadres et personnes occupant une profession intellectuelle supérieure (24%).
L’adoption de ces régimes alimentaires spécifiques correspond à un véritable changement de mode de vie pour les personnes qui s’y engagent. Les raisons : la volonté d’être en meilleure santé (53%), la protection de l’environnement (39%) et la volonté de protéger la cause animale (31%). Elles dénoncent également les pratiques de l’agriculture conventionnelle et déclarent que leur régime alimentaire permet d’assurer une rémunération plus juste de la filière biologique (27%). On remarque également, chez les flexitariens comme chez les personnes ayant adopté des régimes «sans», l’envie d’être en meilleure santé qui prédomine (67% pour les premiers et 49% pour les seconds).
L’équipe Bjorg,Bonneterre&Cie
Sondage OpinionWay pour Bjorg, Bonneterre et Compagnie
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